mercredi 28 août 2013

Arnaque au boulot made in Australia


Voici donc la suite de l'article précédent.

Suite à un rapide échange téléphonique, je suis donc appelée pour un entretien dans South Brisbane. 
Quand j'arrive, 5/6 personnes attendent déjà  j'ai un quart d'heure d'avance, waouh les fayots quoi! :)
On me fait remplir vite fait 2/3 papiers, qui répètent + ou - ce qu'il y a dans mon CV et qui sont sensés développer un peu sur ma motivation a travailler pour cette boite (bon la c'est freestyle-bluff-bistoufly... hein!). On me demande aussi d'attester que je suis libre pour travailler a temps complet, en full-time, je ne comprends pas ou je n'ai pas été claire dans mon CV mais évidemment je coche la case OUI, totalement dispo, j'ai rien à perdre!
5 minutes avant l'heure H, entrée en scène du boss. Bon, a posteriori, je me dis LA blague mais bon, sur le moment, je suis prise et je me dis "ouai pourquoi pas, c'est une façon de faire". 
Le mec est jeune, 35 ans environ, monte sur ressort, TOO MUCH. Il passe d'un candidat à l'autre avec le "what's your name" pour chacun, dont il ne se rappellera pas la minute suivante (vu me nobre de fois où on l'a répété par la suite) avec une petite phrase pour chacun genre "sympa le surnom"
Ah oui, digression :
Ici, c'est genre normal, classique, de donner son surnom quand on fait une réservation ou sur un CV. Genre Jacqueline devient Jox, Madeleine devient Maddy, Philip, Phil etc. 
Sinon, y'a eu aussi, "oh ma femme a la même veste que toi" (sourire de fayotte approprié)
Et pour moi le classique "Oh t'es française? J'adore la France" (NO WAY!!??? Serieux?? Super original! J'ai pas encore eu droit a "la France, pays de cons, oh ton pays il est tout laid"... Mais who knows...).
Il passe dans cette petite entrée comme un ouragan, genre Taz en pleine crise. Il récupère papiers et CV et c'est parti, on suit tous le lapin Duracell. On arrive dans un mini couloir à 4 portes. Pour une entreprise qui poste chaque semaine des annonces pour recruter des commerciaux en pagaille, je trouve les locaux un peu petits de premier abord mais je ne m'attarde pas sur la question. 
On entre dans une salle de réunion, le meeting doit durer 1h et pour la 1ère phase, on doit chacun notre tour se présenter. Et ce petit bâtard (petit bâtard c'est pas trop méchant  me fait commencer la 1ère.
Je dois en quelques minutes me présenter, mon parcours, donner mes points forts et mes attentes professionnellement parlant. Je suis la seule non-english-native de la pièce (d'où ce sobriquet affectueux de petit bâtard), ça me met super bien. Bon au final je m'en sors a peu près je pense. Dans l'ensemble, on a tous rien à voir : y'en a 2 qui sont là car papa ou maman avait un magasin et ils aimaient bien vendre (jouer a la marchande on dit chez moi!), 2 autres working holiday visa comme moi, des étudiants qui cherchent a gagner un peu leur vie en même temps qu'ils étudient... c'est assez large comme panel.
Petite digression : l'une des nanas présente est née en 1995... AIE, ca piiiiiiique!
Apres ce tour de table c'est au boss de se présenter.
Je ne vais pas raconter la vie et l'oeuvre de ce monsieur Smith car je peux la résumer en peu de mots, d'ailleurs 1 mot suffit, celui qu'il a répété a peu près 30 fois en 10 minutes : MONEY, avec variante attention : GOOD MONEY, BIG MONEY, HUGE MONEY, CRAZY MONEY etc.
Bref, le gars nous raconte, que le but de la vie et du boulot c'est faire de la money, toujours +, encore + et que c'est le moteur qui le fait se lever le matin, se coucher le soir... Bon je sature vite de ce discours, mais je vois quelques yeux briller. Il finit par nous dire qu'en bossant avec lui, et si on en a envie (oui c'est toujours une question d'envie évidemment) on pourra faire comme lui... Autrement dit, mourir d'un AVC a 40 ans... Oups, nan pardon, faire de la big money-money, devenir indépendant et monter notre propre business... BREF, il nous présente ensuite son activité plus concrètement  En fait, des entreprises qui ont besoin de renouveler ou conquérir une clientèle font appel a lui pour mettre en place une stratégie de conquête et s'appuyer surtout sur des personnes et non des sites web, pubs, etc. Il aurait un sacré don en management et serait donc tr_s couru pour cela. Il saurait dégager le meilleur de chacun... BREF, BLABLABLA.
La vague de recrutement dont je fais parti vise à trouver des commerciaux pour démarcher des professionnels qui seraient intéressés a l’idée de devenir donateur pour des ONG. Les 3 ONG pour lesquelles il a besoin de monde sont, en gros :
- pour la recherche contre le cancer des enfants
- pour l'équipement en lieux de vie et de jeux dans les hôpitaux pour enfants
- Médecins sans frontières 
Il nous annonce enfin que le RDV est termine, 2h plus tard (heureusement j'allais en venir aux mains) et qu'il recontactera ceux qu'il a pressentis ou non.

2jours plus tard, on me rappelle, RDV pris a 9h le lundi suivant.

Arrivée au 2nd RDV je reconnais 3 têtes du 1er round. Bon c'est la que je vais comprendre ou j'ai en réalité mis les pieds et ce que nous propose cet escroc 3-étoiles-cerise-sur-le-gâteau-crème-de-la-crème.
Il vient dans la salle d'attente, nous sommes 10, et il nous présente 5 jeunes, des collaborateurs a lui. Chacun d'eux vont se présenter a nous. La plupart sont des british expatriés, âgés de 23 a 30 ans et travaillent pour cette boite depuis une petite année. Ils sont donc managers. Le statut de manager s'obtient au nombre de ventes, non aux capacités a mener et motiver une équipe.
Là, ils nous expliquent que c'est eux qui vont décider de notre recrutement ou non, Chaque "manager" se retrouve avec 2 candidats, je me retrouve avec une iranienne de mon âge et un petit nabot blond, THE MANAGER, de 25 ans pour passer un genre d'entretien dans un café. 
Il faut savoir qu'a ce moment-la, la question capitale, a savoir celle de la fameuse money-money n'a toujours pas été abordée et je ne sais toujours pas pour quel niveau de salaire je postule. on m'a parle de big $$$ and good money mais rien de plus précis jusqu'à présent.
L'entretien aura dure 1/2h pour moi, le temps de comprendre la carotte.
Il commence par nous faire tout un speech sur les ONG et l'impossibilité pour les gens "human" de refuser d'aider des enfants malades. Bref, un pseudo discours humaniste sur le partage, l'échange et la solidarité, avec le petit sourire carnassier en coin qui va bien. Personnellement, vu le parcours associatif que j'ai eu en France dans l'animation notamment, je connais un peu le secteur. J'écoute attentivement néanmoins et je pose 2/3 questions pour faire polie et intéressée un minimum quand même! 
En gros, on sera en équipe de 4/5 personnes, et je cite : on aura un quartier à sillonner et la mission consistera à se rendre chez des fleuristes, boulangers, restaurateurs, etc. pour leur demander de prendre part a notre belle mission humaniste d'aides aux moins gâtés de la société (passionnant! Je pense déjà aux Portes de la gloire!). 
Comment prendre part? En donnant de l'argent bien sur. Le système est simple, ils doivent s'engager à verser mensuellement la somme de leur choix (minimum $30), en échange, ils bénéficieront de réductions d'impôts et auront la satisfaction de participer à l'amélioration de la société. 
Bon, rien de sorcier jusqu'ici, je reconnais les pratiques d'ONG conseil pour la France.
A la seule différence que dans ce superbe système  les recruteurs de donateurs dont je ferais parti ne touchent pas de salaire fixe. 
ET OUI, la voilà l'histoire, tu gagnes en fonction des sous que tu rapportes. Une journée où tu ne récupères aucun don = une journée a $0 pour toi... PIRE, tu perds même de l'argent car les transports pour se rendre dans les différents endroits imposes par la boite sont a ta charge (et comme vous le savez, ici les transports c'est pas donné, n'est-ce-pas petits lecteurs attentifs!)
Quand il explique ça, tout sourire, je lui demande "mais t'es en free lance en fait?", (sans expliquer le : tu ne coûtes absolument rien a ton employeur, il n'investit rien en toi). Il me répond que oui, toujours avec le sourire.
Là je lui demande comment ça se passe dans ce genre de système quand tu es malade, il me répond qu'il faut éviter d'être malade et toujours faire en sorte d'être en bonne santé, que de toute façon y'a des gens qui sont toujours malades et des gens qui ne le sont jamais et que ce n'est pas par hasard (Ok, j'ai presque vomi sur ses mocassins en entendant ça mais bon j'ai retenu le concept : la maladie est un choix...).
Ensuite je lui dis, que au-delà de la maladie, n'importe quelle personne humaine a des hauts et des bas, et que la vente dépend parfois de facteurs indépendants de la qualité du vendeur. Voilà, on n'est pas chaque jour au top de notre forme et de nos capacités. Ou tout simplement on peut se retrouver un jour dans un quartier favorisé et le jour suivant dans un quartier qui l'est moins.  Là, le mec commence à m'expliquer que dans la vie professionnelle on doit laisser nos problèmes à la maison. Les problèmes personnels ne doivent pas influencer notre travail. Ok, ne pas se fâcher  garder son calme, je lui explique que je ne parle pas du tout de "problèmes personnels", je parle simplement du fait que chaque jour est différent du précédent... Après je suis novice c'est clair, je suis une jeune professionnelle mais je connais la différence entre le pro et le perso assez bien.
Bon, en fin de compte j'abandonne rapidement, je lui explique que ce genre de jobs ne correspond en rien à mes valeurs, que je ne suis probablement pas taillée pour ça (malgré le fait que dans mon travail antérieur en France, je vendais pas mal en B to B et B to C, et ai remporté une bonne somme d'appels d'offre - QUAND MÊME).
Pour récapituler :
Aucun salaire fixe, 
8% de commission sur les dons (WAOUH!)
Des journées qui commencent à 7h et finissent à 20h (oui, j'avais oublié de préciser, les RDV briefing à 7h au bureau!)
Les transports, lunchs, etc. à ma charge
Je ne choisis pas avec qui je travaille ni où
BREF, j'ai faim mais pas a ce point! 
Poster ce genre d'offre sur un site de recherche d'emploi me laisse perplexe, ou alors j'ai vraiment rien compris à cette société!

Heureusement j'ai mon boulot à l’hôtel  un autre entretien dans la semaine...
Everyhting's good :)

See you later guys! 


PS : promis, next time je fais + court! 



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